mercredi 25 mars 2009

Le potentiel érotique des chaussettes masculines


La première fois que nous passâmes une nuit ensemble, il eut froid aux pieds. C’était au mois de novembre et l’air commençait tout juste à charrier par petites salves une brise légèrement glaciale. Comme je ne suis pas frileuse, je dédaignais encore à cette époque d’allumer mon petit radiateur d’appoint afin de réchauffer les abords du lit. Or il se produisit un véritable drame, l’afflux sanguin dont aurait dû bénéficier son appendice viril semblait s’être réfugié dans les extrémités de son anatomie arborant fièrement non pas un, mais cinq orteils érigés, aux ongles striés et luisants. Frigorifié, il perdit ses moyens et se trouva dans l’incapacité technique de m’honorer comme il l’aurait voulu. Il m’avoua plus tard qu’il avait préféré retirer ses chaussettes pour éviter toute faute de goût, les femmes qui s’étaient succédé dans son lit avant moi l’ayant mis en garde contre la pratique ô combien barbare qui consiste à ne pas dénuder ses pieds dans l’intimité. Je déplorais un tel manque de discernement ; ces bouts de tissu, quand ils sont enfilés sur des pieds masculins me font à peu près le même effet érotique qu’à un homme des bas de soie sur les jambes d’une jolie demoiselle.

Les chaussettes m’excitent, je n’y peux rien, c'est comme ça... J'ai d'ailleurs chez moi toute une collection de vieilles photographies représentant des hommes à moustaches et monocle, assis pour l'éternité, les jambes écartées, leurs bas de pantalon qui, fièrement tirés vers le haut par la force de leurs genoux, laissent entrevoir les attaches de leurs fixe-chaussettes. Ces images m’émeuvent, et nourrissent même parfois mes rêveries érotiques.

Après de longs atermoiements, je finis par lui faire part de mon tropisme pour ces sous-vêtements qui vont par paires, et c’est avec un enthousiasme non feint qu’il accepta de se plier à mes désirs. Sa propension à conserver ses chaussettes durant l’acte sexuel avait dû être trop longtemps bridée, le frustrant terriblement. Il était bien meilleur amant une fois ses pieds soigneusement emmaillotés. Une différence de taille si j’ose dire… Il apportait un soin tout particulier au choix de ses chaussettes, et poussait le zèle jusqu’à les assortir à ses caleçons, habillant ses orteils avec classe et élégance.

À partir de là, il ne me fût plus jamais donné de voir ses pieds, qui demeuraient couverts en toute occasion, mais il ne me vint jamais l’idée de m’en plaindre. Aujourd’hui encore, ses chaussettes, qu’elles soient noires, colorées ou ornées de motifs, provoquent en moi de délicieux frissons ; l’excitation me saisit à chaque fois que je vois ses pieds gainés de fil d'Écosse.

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